Natty dread 1974 (critique de Nicolas Pradat de reggae magazine

Publié le par sofianeroots69

Disons-le franchement, Bunny Wailer en a carrément ras-le-bol de la vie en Occident et des sacrifices de toutes sortes auxquels il faut consentir pour toucher au succès. Peter Tosh, quant à lui, est délaissé par Blackwell qui (peut-on lui en vouloir ?) n’en a que pour Marley, et quitte à son tour le groupe. Chacun d’eux aura dorénavant sa carrière solo. Mais c’est ensemble qu’ils ont construit les bases d’une oeuvre que Marley va dorénavant poursuivre seul. Enfin, seul n’est pas le mot exact. Disons plutôt qu’il devient l’unique maître à bord.
Sur son arche, il emmène le meilleur groupe de reggae qu’on puisse trouver. The Wailers signifiait jusqu’à présent le trio vocal que formaient Peter, Bunny et Bob, comme The Gladiators, The Mighty Diamonds et toutes ces formations de génie qui feront la gloire du reggae jamaïcain dans les années 70. A partir de Natty Dread, on entend par «The Wailers» le groupe de Marley, c’est-à-dire une formation qui l’accompagne aussi bien en studio que sur scène. Les I-Threes font leur entrée au sein du groupe. Jusqu’au terme de sa carrière, Rita Marley (sa femme), Judy Mowatt et Marcia Griffiths assureront à leur leader des choeurs d’une fascinante légèreté. Elles seront les trois chanteuses les plus célèbres de Jamaïque, Marcia Griffiths a notamment derrière elle une grande carrière solo. Cette nouvelle configuration permet à Marley d’être mieux compris à travers le monde. Il se présente dès lors comme un chanteur charismatique possédant un groupe à la mesure de son talent. Quand ils entrent en studio pour enregistrer les titres de Natty Dread, la cohésion est totale.
A trente ans, Marley est au sommet de son talent. Le disque s’ouvre sur un de ses cris hallucinants dont lui seul a le secret. Dans ce cri, on retrouve la fraîcheur, le groove et la liberté artistique qui l’animent à ce moment de sa vie. Les frères Barrett, secondés par Al Anderson à la guitare, sont eux aussi au mieux de leur forme. L’album est bluesy, voire gospel, et absolument parfait dans sa réalisation sonore (à ce propos les versions remasterisées que proposent les rééditions actuelles sont à saluer !). Toutes les chansons sont d’exception. Ce disque est un collier de perles fines. Les lignes de basse de «Family Man» portent avec amour le chant de Bob. Chacune de ses syncopes semble dire : «Entendez-vous ce qu’il dit ? Car ce qu’il dit est terriblement juste». Natty Dread : des dreads vraiment effrayantes. Ouais ! Un disque effrayant de talent. Une réussite totale.
video-clip, enregistrement lively up yourself, 1974

Publié dans bobmarley45-81

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